Avant de mettre un bien en location, tout propriétaire bailleur doit s’assurer de respecter un certain nombre de règles. Parmi elles, la loi Boutin, souvent méconnue ou mal comprise. Instaurée pour renforcer la transparence et protéger les locataires, cette loi impose notamment la mention de la surface habitable dans les baux de location. Dans cet article, nous décryptons l’essentiel de la loi Boutin pour vous aider à louer votre bien en toute conformité.
Qu’est-ce que la loi Boutin ?
Entrée en vigueur en 2009 dans le cadre de la loi de mobilisation pour le logement et la lutte contre l’exclusion, la loi Boutin encadre certaines obligations des bailleurs dans le but de renforcer l’information des locataires. Elle concerne les locations non meublées à usage de résidence principale et comprend notamment la mention de la surface habitable dans le contrat de location.
Définition et objectifs de la loi Boutin
La loi Boutin impose aux propriétaires bailleurs d’indiquer la surface habitable exacte du logement loué dans tout bail d’habitation vide. Cette mesure, inscrite dans le Code de la construction et de l’habitation (article R.111-2), permet au locataire de connaître précisément la surface dont il disposera réellement, excluant certaines zones comme les murs, cloisons, caves ou combles non aménagés.
L’objectif principal est d’assurer une meilleure information des locataires et d’éviter toute forme de tromperie sur la réalité du bien loué.
Pourquoi la loi Boutin est importante pour les propriétaires bailleurs ?
Depuis l’entrée en vigueur de la loi Boutin, le propriétaire bailleur est tenu d’indiquer la superficie exacte du logement dans le contrat de location, ainsi que dans l’annonce de mise en location si celle-ci est diffusée publiquement. En omettant cette mention ou en fournissant une mesure erronée, le propriétaire s’expose à des litiges potentiels, à une renégociation du loyer, voire à une remise en cause du contrat de location.
À retenir : mentionner la surface Boutin permet de protéger juridiquement le bailleur tout en respectant les droits du locataire.
⇨ Pour en savoir plus : “Quels sont les droits et les obligations du propriétaire bailleur ?”
Comment calculer la superficie selon la loi Boutin ?
Le calcul selon la loi Boutin repose sur des critères bien précis. Contrairement à d’autres types de surface (comme la surface Carrez), la surface habitable se concentre uniquement sur les espaces réellement destinés à l’usage quotidien du locataire.
Critères de calcul de la superficie habitable
Il convient de prendre en compte uniquement les espaces clos et couverts, avec une HSP minimale de 1,80 mètre. Sont intégrés dans ce calcul :
- les chambres
- le salon
- la cuisine
- les salles de bains et WC
- les dégagements et couloirs
En revanche, les éléments suivants sont systématiquement exclus de la surface habitable :
- les murs et toutes les cloisons
- les escaliers et les cages d’escaliers
- les gaines techniques
- les embrasures de portes ou de fenêtres
- les parties de pièces avec une HSP < 1,80 mètre
- les annexes non habitables telles que : caves, garages, balcons, terrasses, loggias, vérandas non chauffées, remises, sous-sols non aménagés
Cas particuliers de la superficie habitable
Certains espaces peuvent prêter à confusion. Voici quelques exemples concrets pour bien comprendre leur traitement selon la loi Boutin :
- Pièces mansardées : seules les zones avec une hauteur égale ou supérieure à 1,80 mètre sont comptabilisées. Une chambre sous pente peut donc être partiellement incluse dans la surface habitable.
- Combles aménagés : ils sont pris en compte à condition qu’ils soient accessibles, aménagés et qu’ils respectent la hauteur minimale de 1,80 mètre.
- Vérandas : elles sont exclues si elles ne sont pas chauffées ou si elles ne font pas partie intégrante de l’espace de vie.
- Logements en duplex : les escaliers reliant les niveaux sont exclus du calcul.
À retenir : la précision dans le calcul est essentielle pour éviter tout litige. En cas de doute, il est recommandé de faire appel à un professionnel pour réaliser un mesurage certifié.
Exemple concret de calcul
Prenons le cas d’un appartement de 70 m² au sol, situé au dernier étage d’un immeuble, avec certaines zones mansardées et quelques annexes.
La surface habitable totale à indiquer dans le bail est de 61 m². Dans cet exemple, bien que la surface de l’appartement soit de 70 m² au sol, seuls 61 m² sont donc considérés selon la loi Boutin.
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Est-il nécessaire de faire appel à un professionnel ?
Faire appel à un géomètre-expert ou un diagnostiqueur immobilier n’est pas obligatoire, mais cela reste vivement recommandé. Une erreur de mesure supérieure à 5 % peut entraîner des réductions de loyer, voire des litiges devant les tribunaux.
Un professionnel vous remettra un certificat de surface Boutin, document que vous pouvez joindre au bail pour rassurer le locataire et vous couvrir légalement.
À retenir : une erreur dans le calcul de la superficie peut coûter cher. Il vaut mieux investir dans une expertise fiable que de risquer une perte de revenus locatifs sur plusieurs années.
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Quelles sont les conséquences pour le bailleur en cas de non-respect de la loi Boutin ?
Ignorer ou mal appliquer la loi Boutin peut avoir de lourdes conséquences. Ces sanctions peuvent aller bien au-delà d’une simple remarque du locataire.
Responsabilité du bailleur
Si la surface indiquée dans le bail est surévaluée de plus de 5 %, le locataire est en droit d’exiger une baisse du loyer, proportionnelle à la surface manquante. Il peut aussi réclamer un remboursement rétroactif sur la durée du bail, ce qui peut représenter des sommes importantes. En plus de la perte financière, le bailleur s’expose à une possible remise en cause de la validité du contrat.
Litiges possibles avec les locataires
En cas de contentieux, le locataire peut saisir la juridiction compétente pour demander une révision du loyer ou une indemnisation. Les juges se fondent alors sur le rapport de surface Boutin et comparent les données réelles à celles indiquées dans le contrat.
Exemple concret : un bailleur condamné à rembourser 3 ans de trop-perçu
En 2022, un propriétaire à Marseille a été assigné en justice par son locataire, après que ce dernier ait fait réaliser un mesurage indépendant du logement loué. Le bail mentionnait une surface de 45 m², alors que la surface réelle Boutin était de 41 m², soit une surévaluation de 9 %, bien au-delà de la tolérance légale de 5 %.
Le locataire, estimant avoir payé un loyer disproportionné pendant 3 ans, a demandé la révision du loyer et le remboursement du trop-perçu. Le tribunal a donné raison au locataire, obligeant le bailleur à rétrocéder près de 3 200 €, correspondant à la différence de loyer sur la période concernée.
Bon à savoir : le locataire peut agir dans un délai d’un an à compter de la signature du bail. Passé ce délai, son recours est prescrit.
Comment éviter les litiges liés à la loi Boutin ?
Heureusement, il existe des moyens simples pour se prémunir contre les erreurs et les contestations.
Respecter l’obligation de mentionner la superficie Boutin
La première règle à suivre est évidente : mentionnez toujours la surface Boutin dans le contrat de location. Ne vous contentez pas d’une estimation ou d’une mesure approximative.
Vous pouvez intégrer cette mention dans une clause spécifique du bail, accompagnée, si possible, du certificat de mesurage délivré par un professionnel.
Vérifier régulièrement la superficie avant chaque nouvelle location
Même si la surface ne change pas d’une location à l’autre, il est conseillé de vérifier la superficie à chaque nouveau locataire. Une erreur passée peut être répétée pendant plusieurs années si elle n’est jamais corrigée.
Ce réflexe de vérification est d’autant plus important si vous avez réalisé des travaux dans le logement (cloisons, mezzanine, combles aménagés...).
Garder une documentation complète
Conservez dans votre dossier de location :
- le plan du logement
- le rapport du géomètre-expert ou du diagnostiqueur
- les photos des pièces principales
- les documents techniques si disponibles (permis de construire...)
Cette documentation vous protège en cas de litige et prouve votre bonne foi devant un tribunal.
Quelle est la superficie minimale exigée par la loi Boutin pour un logement décent ?
Contrairement à certaines idées reçues, la loi Boutin ne fixe pas directement une superficie minimale pour louer un logement. En revanche, elle s’applique dans un cadre plus large : celui de la décence du logement. Pour être mis en location, un bien doit répondre à des critères précis définis par le décret n°2002-120 du 30 janvier 2002, qui encadre les conditions de décence dans le parc locatif privé.
Parmi ces critères figure la surface habitable minimale, fixée à 9 m² pour une hauteur sous plafond d’au moins 2,20 mètres, soit un volume habitable de 20 m³. Ce seuil est incontournable : en-deçà, le logement est considéré comme indécent et ne peut légalement être proposé à la location. Cette exigence vise à garantir un espace suffisant pour vivre dignement, en assurant à la fois sécurité, confort et hygiène.
Bon à savoir : le non-respect de cette condition peut entraîner l’annulation du bail ou la suspension du paiement des loyers jusqu’à la mise en conformité du logement.
Bon à savoir : la surface Carrez est souvent supérieure à la surface Boutin, car elle inclut certains espaces non habitables, mais privatifs.
⇨ Pour en savoir plus : “Surface habitable : Définition et comment la calculer”
Conclusion
La loi Boutin est plus qu’une simple formalité. En tant que bailleur, vous avez tout à gagner à maîtriser son application, non seulement pour éviter les litiges, mais aussi pour valoriser votre bien. Faites toujours appel à un professionnel pour mesurer la surface Boutin et vérifiez régulièrement les données avant chaque signature de bail. En respectant ces principes, vous construirez une relation de confiance avec vos locataires, tout en protégeant vos intérêts patrimoniaux.
Chez Manda, votre spécialiste de la gestion locative innovante, nous sommes à vos côtés pour vous conseiller et répondre à toutes vos questions au sujet de la loi Boutin. N’hésitez pas à nous contacter !
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FAQ sur la loi Boutin
Qu’est-ce que la loi Boutin ?
La loi Boutin impose notamment l’obligation de mentionner la surface habitable dans les baux de location nue de résidences principales.
Dans quels types de locations la loi Boutin s’applique-t-elle ?
La loi Boutin s’applique uniquement aux locations non meublées à usage de résidence principale. Elle ne concerne donc ni les locations meublées, ni les locations saisonnières.
Que faire en cas de doute sur la superficie Boutin ?
Faites appel à un géomètre-expert ou à un diagnostiqueur immobilier pour un mesurage fiable afin d’obtenir un certificat officiel.
Mon locataire peut-il demander une baisse de loyer si la surface Boutin est incorrecte ?
Oui, s’il constate une différence de plus de 5 %, il peut exiger une réduction de loyer avec effet rétroactif.
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