Dans un contexte de forte tension sur le marché locatif francilien, l’encadrement des loyers en Île-de-France s’impose comme un outil de régulation incontournable. Ce dispositif, encore mal compris par de nombreux bailleurs et locataires, vise à contenir la flambée des loyers tout en assurant un équilibre entre protection des occupants et rentabilité des propriétaires. Tour d’horizon complet et actualisé de ce qu’il faut absolument connaître en 2025.
Qu'est-ce que l'encadrement des loyers ?
Le principe de l'encadrement des loyers est simple, mais son application soulève de nombreuses questions. Voici ce qu'il faut retenir pour bien comprendre le dispositif.

Définition et objectifs
L’encadrement des loyers en Île-de-France désigne un mécanisme législatif qui limite le montant des loyers dans les zones où la demande locative dépasse largement l’offre disponible. Ces zones dites “tendues” concernent essentiellement Paris et plusieurs communes de Seine-Saint-Denis.
Son objectif principal est clair : freiner l’augmentation excessive des loyers, protéger les locataires contre les abus et permettre un accès plus équitable au logement. En stabilisant les prix, le dispositif vise à lutter contre la précarité résidentielle, tout en évitant la gentrification à outrance de certains quartiers.
Concrètement, le loyer demandé lors de la signature d’un nouveau bail ou de son renouvellement ne peut excéder un plafond, sauf conditions spécifiques. Ce cadre assure une certaine cohérence entre les loyers pratiqués et les réalités économiques locales.
À retenir : l’encadrement ne gèle pas les loyers, il les régule en fonction de références précises définies à l’échelle locale.
Cadre légal
Le fondement juridique de l’encadrement des loyers en Île-de-France repose d’abord sur la loi ALUR promulguée en 2014. Elle autorise les collectivités situées en zone tendue à mettre en place un encadrement expérimental des loyers.
Ce dispositif a été renforcé par la loi ELAN en 2018. Celle-ci permet aux collectivités qui le souhaitent d’expérimenter pendant cinq ans l’encadrement dans les zones les plus tendues. Depuis, plusieurs communes franciliennes ont obtenu un décret d’application pour encadrer les loyers.
Bon à savoir : cette expérimentation s’inscrit dans une démarche de suivi régulier des loyers par les observatoires locaux.
Quelles sont les communes concernées par l’encadrement des loyers en Île-de-France ?
Le dispositif ne s’applique pas à toute la région. Seules certaines communes volontaires et sous tension y sont soumises.
Paris
Paris est pionnière en matière d’encadrement. Le dispositif y est en vigueur depuis le 1er juillet 2019, à la suite d'une première tentative annulée en 2017. Il s’applique à tous les baux signés ou renouvelés, qu’il s’agisse de logements meublés ou non meublés loués comme résidence principale.
Dans la capitale, le respect du plafond légal est strictement contrôlé. Le site officiel de la Ville de Paris permet de consulter les loyers de référence actualisés chaque année. Les agents de la Direction du logement peuvent également sanctionner les bailleurs en cas de dépassement injustifié.
Plaine Commune (Seine-Saint-Denis)
Depuis le 1er juin 2021, l’encadrement des loyers en Île-de-France s’étend à l’intercommunalité de Plaine Commune, qui regroupe neuf communes : Aubervilliers, La Courneuve, Épinay-sur-Seine, L'Île-Saint-Denis, Pierrefitte-sur-Seine, Saint-Denis, Saint-Ouen-sur-Seine, Stains et Villetaneuse.
Ces villes font face à une pression immobilière croissante, en raison de leur proximité avec Paris et du développement d’infrastructures. L’objectif est de maintenir des loyers accessibles pour les ménages modestes.
Est Ensemble (Seine-Saint-Denis)
Depuis le 1er décembre 2021, un second territoire de Seine-Saint-Denis a rejoint le dispositif : l’établissement public territorial Est Ensemble. Il inclut Bagnolet, Bobigny, Bondy, Le Pré-Saint-Gervais, Les Lilas, Montreuil, Noisy-le-Sec, Pantin et Romainville.
Comme pour Plaine Commune, le marché locatif y est en tension, avec une offre insuffisante face à la demande croissante. L’encadrement vise à prévenir les hausses abusives tout en accompagnant les politiques locales de logement.
À retenir : le périmètre de l’encadrement évolue. D’autres communes d’Île-de-France pourraient prochainement le rejoindre.
Les types de logements et de baux concernés par l’encadrement des loyers en Île-de-France
Tous les logements ne sont pas concernés par le dispositif.
Locations soumises à l'encadrement
L’encadrement des loyers en Île-de-France s’applique aux logements suivants :
- Vides ou meublés, loués à titre de résidence principale
- Colocations avec baux multiples ou indivis
- Baux mobilité, pour les locataires en situation temporaire (étudiants, mutations professionnelles…)
Les baux concernés doivent être nouveaux ou renouvelés à compter de la date d’entrée en vigueur du dispositif dans la commune. Le propriétaire est alors tenu de respecter les plafonds fixés.
Exclusions
Certains logements échappent à l’encadrement :
- Locations saisonnières, type Airbnb
- Logements sociaux (HLM)
- Logements conventionnés avec l’Anah
- Logements de fonction
- Sous-locations, sauf si le locataire principal encadre le loyer
Ces exclusions permettent de préserver la spécificité de certains marchés et de ne pas désinciter les bailleurs sociaux à poursuivre leur activité.
Bon à savoir : si vous êtes locataire, vérifiez bien si votre logement est concerné avant de contester un loyer.
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Calcul des loyers de référence
Comprendre comment sont fixés les loyers de référence permet aux propriétaires comme aux locataires de mieux anticiper leurs droits et obligations.
Méthodologie
Le loyer de référence est défini chaque année par l’Observatoire Local des Loyers en fonction de plusieurs paramètres très précis. Ces critères permettent d’ajuster les montants au plus près de la réalité du marché :
- La zone géographique : commune, quartier, voire arrondissement à Paris
- Le type de logement : appartement ou maison
- Le nombre de pièces principales
- L’année de construction du bien
- Le type de location : logement vide ou meublé
Les données collectées servent à établir des loyers médians, autour desquels sont fixés les plafonds légaux.
À retenir : les loyers de référence sont mis à jour chaque année pour s’adapter à l’évolution du marché.
Plafonds applicables
Pour chaque type de bien, trois niveaux de loyers sont fixés :
Ces montants servent de base légale pour fixer le loyer lors d’un nouveau bail ou de son renouvellement.
Complément de loyer
Un complément de loyer peut être appliqué si le logement présente des caractéristiques exceptionnelles qui ne sont pas prises en compte dans le calcul du loyer de référence. Cela peut inclure :
- Une vue dégagée sur un monument ou un parc
- Une terrasse exceptionnelle
- Des équipements haut de gamme (jacuzzi, cuisine professionnelle...)
Cependant, il est interdit d’appliquer un complément de loyer pour un logement dont le DPE est classé F ou G, car ce type de bien est considéré comme une passoire thermique.
Bon à savoir : le complément doit être justifié dans le contrat, et peut être contesté par le locataire.
⇨ Pour aller plus loin avec Manda : “Encadrement des loyers : comment fonctionnent les calculs ?”
Obligations pour les propriétaires bailleurs
Le respect de l’encadrement des loyers en Île-de-France implique des règles strictes à suivre pour les bailleurs, sous peine de sanctions.
Mention dans le bail
Le bailleur doit obligatoirement indiquer dans le contrat de location les trois éléments suivants :
- Le loyer de référence
- Le loyer de référence majoré
- Le loyer effectivement appliqué
Si un complément de loyer est ajouté, il doit être mentionné explicitement, avec sa justification. Cette obligation vise à garantir la transparence entre les parties et permettre aux locataires de vérifier la légalité du montant demandé.
Respect des plafonds
Le loyer hors charges ne peut en aucun cas dépasser le loyer de référence majoré, sauf si un complément est clairement justifié.
En l’absence de justification ou en cas de non-respect du plafond, le propriétaire s’expose à des sanctions administratives et judiciaires.
⇨ Pour aller plus loin avec Manda : “Tension locative : comment calculer un loyer en zone tendue ?”
Quelles sont les sanctions en cas de non-respect de l'encadrement des loyers en Île-de-France ?
Le non-respect de l’encadrement des loyers en Île-de-France entraîne des conséquences financières non négligeables pour le bailleur.
Amendes
En cas de dépassement injustifié du loyer de référence majoré, le propriétaire peut être sanctionné :
- Jusqu’à 5 000 € d’amende pour une personne physique
- Jusqu’à 15 000 € d’amende pour une personne morale (société, SCI…)
Les contrôles peuvent être réalisés à la suite d’un signalement du locataire ou dans le cadre d’actions de la Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement (DRIHL).
Bon à savoir : ces sanctions s’ajoutent à la possibilité pour le locataire d’obtenir un remboursement des trop-perçus.
Recours des locataires
Les locataires peuvent contester le montant de leur loyer dans deux cas :
- À l’amiable, en saisissant la commission départementale de conciliation.
- Judiciairement, en déposant une requête auprès du tribunal judiciaire.
En cas de litige, le juge peut ordonner une réduction du loyer et un remboursement des loyers trop élevés perçus illégalement.
Outils pour estimer le loyer de référence
Il existe des simulateurs en ligne pour savoir si un loyer respecte l'encadrement en vigueur. Certains sites officiels proposent des simulateurs gratuits pour estimer le loyer de référence à partir des caractéristiques du logement.
⇨ Manda met aussi à votre disposition un simulateur en ligne gratuit d’encadrement des loyers !
Ces outils permettent de :
- Vérifier si un logement est soumis à l’encadrement
- Calculer les trois niveaux de loyer
- Justifier ou contester un montant demandé
À retenir : les simulateurs doivent être utilisés à chaque nouvelle mise en location ou renouvellement de bail.
Impacts et perspectives de l’encadrement des loyers en Île-de-France
Au-delà de la réglementation, l’encadrement soulève des débats sur son efficacité réelle et ses impacts économiques.
Objectifs du dispositif
L’encadrement des loyers en Île-de-France a été mis en place pour corriger les dérives du marché dans les zones les plus tendues. Il cherche à :
- Améliorer l’accès au logement pour les classes moyennes et les jeunes actifs.
- Éviter les hausses spéculatives dans les quartiers populaires en mutation.
- Stabiliser les prix sur le long terme pour plus de prévisibilité.
Ce dispositif est aussi un levier pour encourager les bailleurs à rénover leurs biens (afin d’éviter les classes F ou G du DPE) et maintenir un parc locatif de qualité.
Controverses et débats
Cependant, plusieurs critiques émergent, notamment chez certains professionnels de l’immobilier :
- Le dispositif est jugé trop rigide et dissuasif pour les investisseurs.
- Il pourrait entraîner une baisse de l’offre locative dans certaines zones.
- Les compléments de loyer restent flous et source de litiges.
Certains observateurs appellent à un encadrement plus souple, fondé sur des incitations plutôt que sur des sanctions.
⇨ Pour aller plus loin avec Manda : “Encadrement des loyers à Paris : le Conseil d'État remet en question le dispositif”
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Conclusion
L’encadrement des loyers en Île-de-France constitue un outil essentiel pour préserver un accès équitable au logement dans une région où la demande locative explose. Même si le dispositif suscite des critiques, il permet de poser des garde-fous efficaces face aux abus du marché. Pour les bailleurs, il est indispensable de se tenir informé des plafonds légaux, des outils de calcul et des obligations à respecter pour éviter toute sanction.
Pour obtenir plus d'informations sur l’encadrement des loyers en Île-de-France, les conseillers de Manda, votre spécialiste de la gestion locative innovante, sont à votre écoute !
FAQ sur l’encadrement des loyers en Île-de-France
Quelles sont les communes d'Île-de-France concernées par l'encadrement des loyers ?
Paris, Plaine Commune (9 communes de Seine-Saint-Denis) et Est Ensemble (9 autres communes) sont actuellement concernées par l'encadrement des loyers en Île-de-France.
Quels types de baux sont soumis à l'encadrement des loyers ?
Les baux pour logements loués vides ou meublés à titre de résidence principale, les baux de colocation et les baux mobilité sont concernés.
Comment est calculé le loyer de référence ?
Le loyer de référence est calculé selon la zone géographique, le type de logement, le nombre de pièces, l’année de construction et le type de location (vide ou meublée).
Puis-je appliquer un complément de loyer ?
Oui, à condition que le logement offre des caractéristiques exceptionnelles et ne soit pas classé F ou G au DPE. Le complément doit être justifié dans le bail.
Quelles sont les sanctions en cas de non-respect de l'encadrement des loyers ?
Une amende jusqu’à 5 000 € pour une personne physique et 15 000 € pour une personne morale, en plus du remboursement des loyers trop perçus.
Comment utiliser les simulateurs de loyer de référence ?
Rendez-vous sur les sites officiels selon votre commune pour entrer les caractéristiques du bien et obtenir les loyers de référence applicables.
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