En France, le bail précaire d'habitation n’existe pas juridiquement. Pour louer sur une courte durée en respectant la loi, trois options sont possibles : le bail d’habitation à durée réduite, la convention d’occupation précaire, ou des alternatives légales comme le bail mobilité ou la location saisonnière.
Introduction
La notion de bail précaire d’habitation traduit souvent une volonté du propriétaire d’encadrer la location sur une période courte, sans s’exposer à des risques de requalification ou de contentieux. Pourtant, le droit français ne reconnaît aucun bail portant ce nom. Il existe en revanche plusieurs dispositifs parfaitement légaux, chacun répondant à des situations précises : le bail d’habitation à durée réduite, la convention d’occupation précaire, ainsi que des solutions conçues pour les besoins temporaires comme le bail mobilité ou la location saisonnière. Grâce à Manda, évitez les erreurs et respectez la loi pour sécuriser votre mise en location.
Le bail précaire en un coup d’œil
Même si le terme "bail précaire d’habitation” est couramment employé, il ne correspond à aucune catégorie juridique. Un propriétaire qui souhaite limiter les risques doit impérativement s’appuyer sur des dispositifs reconnus, sous peine de requalification automatique en bail d’habitation classique.

Bail d’habitation à durée réduite
Il s’agit d’un bail de location vide signé pour une durée comprise entre un et trois ans, uniquement lorsqu’un événement professionnel ou familial précis justifie que le bailleur aura besoin du logement à l’échéance (art. 11 loi du 06/07/1989).
- Durée : 1 à 3 ans.
- Condition : motif écrit dans le bail.
- Obligations : confirmation au locataire au moins deux mois avant le terme pour récupérer le logement.
- Risque : absence de motif ou de confirmation permettant la requalification en bail 3 ans de façon rétroactive.
Convention d’occupation précaire (COP)
La COP est une forme d’occupation exceptionnelle, indépendante du régime de la loi de 1989. Elle repose sur une précarité objective, c’est-à-dire une situation extérieure aux parties qui rend l’occupation nécessairement temporaire (travaux lourds, démolition programmée, opération immobilière imminente).
- Redevance souvent modique.
- Durée liée à l’événement extérieur.
- Risque majeur : si la précarité objective n’est pas démontrée, la COP est requalifiée en bail d’habitation.
Alternatives légales au bail court
Lorsque ni l’article 11 ni la COP ne s’appliquent, deux solutions adaptées existent.
- Bail mobilité : 1 à 10 mois, en meublé, réservé à des publics précis (études, mission professionnelle, formation, service civique). Ce bail est non renouvelable.
- Location saisonnière : possible uniquement si le logement ne constitue pas la résidence principale du locataire avec un encadrement strict selon la commune.
Dans les villes concernées (Paris, Lille, Lyon, Bordeaux, Grenoble, Montpellier...), le propriétaire doit vérifier l’encadrement des loyers, même dans le cadre d’un bail court ou d’une COP.
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Bail d’habitation à durée réduite : conditions, durée, procédure
Le bail d’habitation à durée réduite prévu par l’article 11 de la loi du 06/07/1989 est la seule manière, en location vide, de conclure légalement un bail d’un an ou deux ans. Il répond à une situation bien précise : le propriétaire doit avoir un motif familial ou professionnel établi qui l’amènera à reprendre le logement à l’échéance. Ce cadre est strict, mais il offre une solution fiable lorsque le bailleur anticipe une reprise certaine dans un délai court.
Qui peut utiliser l’article 11 ?
L’article 11 s’applique exclusivement aux bailleurs personnes physiques et à certaines structures familiales :
- Personnes physiques propriétaires
- Indivision entre membres d’une même famille
- SCI familiales
En revanche, il ne peut pas être utilisé par :
- Les personnes morales (hors SCI familiales)
- Les sociétés patrimoniales classiques
- Les bailleurs institutionnels
Si le propriétaire ne rentre pas dans le périmètre autorisé, toute durée inférieure à trois ans est illégale et entraîne une requalification automatique.
Une durée encadrée : entre 1 et 3 ans
L’article 11 permet de fixer une durée entre un et trois ans pour un bail vide. En pratique, la plupart des baux fondés sur ce dispositif durent 12 ou 24 mois, car ils répondent à un besoin temporaire court.
Un motif professionnel ou familial précis
Le fondement du bail est un événement futur et certain, qui justifie la nécessité de récupérer le logement à l’échéance. Ce motif doit être précis, réel, lié à une situation professionnelle ou familiale et explicitement mentionné dans le bail.
Exemples :
- Retour dans le logement du propriétaire après une mutation professionnelle.
- Retour d’un enfant majeur poursuivant des études à proximité.
- Hébergement d’un membre de la famille âgé nécessitant un logement adapté.
- Installation personnelle après la fin d’une mise en location temporaire.
Formalités obligatoires à la signature
Pour qu’un bail fondé sur l’article 11 soit valide, plusieurs exigences doivent être respectées :
- Mention expresse de l’article 11 dans le bail.
- Description complète du motif (date prévue, circonstance, identité de la personne concernée, lien familial ou situation pro).
- Information écrite du locataire sur la reprise prévue.
- Annexes habituelles du bail.
Confirmation obligatoire deux mois avant l’échéance
Le bailleur doit confirmer par écrit au locataire, au moins deux mois avant le terme, que l’événement mentionné s’est bien réalisé et qu’il récupère le logement. Cette confirmation se fait en général par LRAR.
L’article 11 prévoit également un report unique si l’événement se produit plus tard, mais seulement dans des conditions strictes et avec information du locataire.
Manda : rédaction sécurisée et suivi des échéances
Spécialiste de la gestion locative moderne et rentable, Manda assure :
- La rédaction intégrale du bail selon l’article 11.
- L’intégration du motif et des clauses obligatoires.
- Le suivi automatique des échéances (rappel 2 mois).
- La gestion locative complète si souhaitée.
Objectif : garantir un bail court parfaitement conforme et sans risque de requalification.
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Convention d’occupation précaire
La convention d’occupation précaire (COP) est souvent perçue comme un moyen simple de louer un logement sur une courte période. En réalité, il s’agit d’un régime totalement distinct du bail d’habitation, réservé à des situations exceptionnelles où l’occupation ne peut être que temporaire en raison d’un événement extérieur aux parties.
Les tribunaux sont très exigeants : si la précarité objective n’est pas démontrée, la COP est automatiquement requalifiée en bail d’habitation classique, avec toutes les conséquences associées (durée, protection du locataire, congé...). Il ne s’agit donc pas d’une alternative “souple”, mais d’un dispositif rare qui exige prudence et rigueur.
Qu’est-ce que la précarité objective ?
La COP est valable uniquement lorsque l’occupation du logement dépend d’une circonstance réelle, indépendante de la volonté du propriétaire et du locataire. Cette circonstance rend l’occupation nécessairement temporaire.
Exemples reconnus par la jurisprudence :
- Travaux lourds à venir dans l’immeuble, rendant impossible une occupation durable.
- Démolition ou reconstruction programmée, avec calendrier établi.
- Projet immobilier imminent, validé administrativement.
- Occupation transitoire en raison d’une opération de renouvellement urbain.
- Utilisation temporaire d’un bien avant expropriation ou réhabilitation.
Caractéristiques et fonctionnement de la COP
Pour être valide, une COP doit répondre à plusieurs principes.
Durée liée à l’événement extérieur
La durée n’est pas libre : elle doit correspondre à l’événement qui justifie la précarité.
Exemple : fin de chantier prévue dans 10 mois DONC COP de 10 mois, pas davantage.
Redevance souvent modique
La jurisprudence admet que la redevance (équivalent du loyer) soit plus faible qu'un loyer de marché, car la précarité réelle crée une contrepartie pour l’occupant.
Absence de vocation d’habitation durable
La COP ne doit jamais servir à loger quelqu’un “comme dans un bail normal”. Elle s’apparente davantage à une occupation provisoire, sous contrainte extérieure.
Clauses indispensables
La convention doit contenir :
- La description précise de l’événement justifiant la précarité.
- La durée directement liée à cet événement.
- Les conditions de fin d’occupation.
- La redevance et les charges.
- L’absence de droits au maintien dans les lieux.
- Les assurances obligatoires.
Risque majeur : la requalification en bail d’habitation
Dès qu’un juge estime que la précarité n’est pas réelle, la sanction tombe : la COP devient un bail d’habitation. Ce risque est élevé si la convention a été utilisée pour contourner la loi, ce qui arrive fréquemment.
Alternatives sûres au bail précaire d'habitation pour louer sur de la courte durée
Lorsque ni l’article 11 ni la convention d’occupation précaire ne s’appliquent, il reste possible de louer pour une durée limitée grâce à des dispositifs conçus pour encadrer des situations temporaires.
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Bail mobilité : 1 à 10 mois, en meublé
Créé par la loi ELAN, le bail mobilité répond à une demande claire : loger un occupant pour une période de 1 à 10 mois, sans renouvellement possible. Il s’agit d’un contrat meublé spécifiquement destiné aux profils en mobilité.
Le locataire doit être dans l’une de ces situations :
- Études supérieures
- Formation professionnelle
- Mutation ou mission temporaire
- Stage
- Volontariat associatif
- Service civique
Caractéristiques principales du bail mobilité :
- Aucun dépôt de garantie.
- Charges au forfait.
- Pas de tacite reconduction.
- Durée modulable dans la limite de 10 mois.
Le bail mobilité constitue souvent l’alternative la plus simple lorsqu’un propriétaire souhaite louer temporairement.
⇨ Pour aller plus loin : “Bail mobilité : le choix de la flexibilité !”
Location saisonnière
La location saisonnière est adaptée lorsque le logement est mis à disposition pour de courtes périodes, quelques semaines ou quelques mois, généralement pour un motif de loisirs ou professionnel :
- Contrat écrit recommandé.
- Durée libre mais toujours temporaire.
- Déclaration parfois obligatoire en mairie (communes touristiques).
- Règles spécifiques en zones tendues (autorisations, changement d’usage, quotas municipaux).
Cette solution ne doit jamais être utilisée pour contourner la loi sur les baux d’habitation lorsque l’occupation est en réalité durable.
Prêt à usage (commodat)
Le commodat est un prêt gratuit d’un logement, sans loyer, souvent utilisé exceptionnellement au sein d’une même famille ou pour un besoin ponctuel très clair :
- Aucune redevance.
- Durée libre, mais encadrement par le Code civil.
- Le propriétaire peut récupérer le logement selon les modalités prévues au contrat.
Ce cadre reste marginal, car il ne correspond pas à une mise en location. Il peut toutefois être pertinent dans des situations familiales très temporaires.
Quel que soit le type de bail choisi, pensez à souscrire une assurance loyers impayés pour plus de sécurité !
Ce qu’il faut retenir sur le bail précaire d’habitation
La notion de bail précaire habitation entretient encore une confusion importante, alors que le droit français repose sur des dispositifs bien définis. Qu’il s’agisse d’un bail à durée réduite fondé sur l’article 11, d’une convention d’occupation précaire ou d’alternatives comme le bail mobilité et la location saisonnière, chaque solution répond à des conditions strictes et exige une parfaite conformité pour éviter toute requalification.
Pour un propriétaire, l’enjeu est double : sélectionner le dispositif réellement adapté à sa situation, puis s’assurer que toutes les mentions, justificatifs et notifications sont correctement établis. Un simple oubli (motif imprécis, absence de confirmation, COP insuffisamment étayée) peut en effet entraîner des conséquences lourdes.
Contactez un expert Manda, spécialiste de la gestion locative innovante, pour sécuriser votre projet locatif !
FAQ sur le bail précaire d’habitation
Un bail précaire d’habitation est-il légal ?
Non. Le terme “bail précaire habitation” n’existe pas en droit français. Pour louer sur une courte durée, trois options seulement sont légales :
- Un bail vide à durée réduite fondé sur l’art. 11 de la loi du 06/07/1989.
- Une convention d’occupation précaire.
- Des alternatives comme le bail mobilité ou la location saisonnière.
Peut-on faire un bail d’un an en location vide ?
Oui, mais uniquement via l’article 11. Le bailleur doit démontrer un motif professionnel ou familial précis justifiant la reprise à l’échéance. Sans ce motif ou sans confirmation écrite deux mois avant la fin, le bail est automatiquement requalifié en bail de 3 ans.
La vente prochaine suffit-elle pour conclure un bail précaire d'habitation d’un an ?
Non. La mise en vente n’est pas un motif valable pour appliquer l’article 11. En cas de vente, la procédure adaptée est le congé pour vente, conformément à l’article 15.
Que se passe-t-il si l’événement prévu ne se produit pas ?
Le bail précaire d'habitation est requalifié rétroactivement en bail de trois ans. Le propriétaire perd alors toute possibilité de récupérer le logement à la date initialement prévue.
C’est quoi exactement une “précarité objective” ?
Il s’agit d’un événement extérieur aux parties, indépendant de leur volonté, qui rend l’occupation nécessairement temporaire : démolition programmée, travaux lourds…
Bail mobilité ou article 11 : quelles différences ?
- Article 11 : bail vide de 1 à 3 ans, uniquement avec motif familial ou professionnel.
- Bail mobilité : bail meublé de 1 à 10 mois, réservé à des profils en mobilité (études, stage, mission, formation), sans dépôt de garantie.
La COP peut-elle remplacer un bail classique pour louer court ?
Non. La COP n’est valable que dans des situations exceptionnelles. Si elle est utilisée pour contourner les règles du bail d'habitation, elle sera requalifiée.
Faut-il respecter l’encadrement des loyers dans un bail précaire d'habitation ?
Oui, si le logement se situe dans une commune concernée (Paris, Lille, Lyon, Bordeaux, Montpellier…).



